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My policeman: du queer lustré

L’année 2022 devait voir passer le très populaire Harry Style dans le décevant My Policeman, où il ne brille guère, il appert que Harry Styles devra s’y prendre autrement s’il souhaite s’imposer comme acteur. Basé sur un roman de Bethan Roberts, My Policeman conte les amours interdites — comme dans « illégales » — entre deux hommes dans l’Angleterre des années 1950, puis leurs retrouvailles tendues dans les années 1990.
Au présent, Marion (Gina McKee, principal atout du film) accueille à son domicile un certain Patrick (Rupert Everett, sous-utilisé), alité à la suite d’un AVC. Dans son coin, Tom (Linus Roache, laissé en plan), le mari de Marion, fulmine. C’est que jadis, comme on l’apprend au détour d’un des nombreux retours en arrière, Tom (Harry Styles, qui ne dégage rien), un jeune policier peu instruit mais curieux dans tous les sens du terme, s’éprit de Patrick (David Dawson, qui vole la vedette), un directeur de musée avec qui il entretint une brûlante liaison alors que la chose pouvait les conduire en prison.
Entre passions exprimées puis réprimées, My Policeman devrait captiver. Hélas, le film est ennuyant au possible. Et pas spécialement crédible sur le plan humain. Dans sa chronique pour The Guardian, Guy Lodge écrivait, par rapport aux artisans : « Trois décennies après Philadelphia, Nyswaner et Grandage ont au moins prouvé que les cinéastes queers peuvent faire leurs propres films queers aseptisés et sans risque. C’est en soi un genre de percée. »
Ah, mais il y a les scènes de sexe entre Harry Styles et David Dawson, non ? Certes, le chanteur, à qui l’on a reproché de donner dans le « queerbating » (épouser les codes de la communauté queer et, par extension, LGBTQ+, afin de la séduire, mais sans réellement en faire partie), en a beaucoup parlé en amont de la sortie. Or, il n’y a pas grand-chose à en dire, sinon qu’elles sont esthétisantes et, par conséquent, plus rassurantes que déstabilisantes ou dérangeantes pour quiconque appréhenderait le spectacle de deux hommes au lit.
Car, comme Philadelphia encore, My Policeman semble avoir été d’abord et avant tout conçu pour ne pas effaroucher la majorité hétérosexuelle (qui a pourtant évolué en la matière, faut-il le rappeler). Outre le fait que c’est au fond insultant pour celle-ci, ça donne ce que ça donne : un film qui, à l’instar du protagoniste du titre, ne s’assume pas.
