Révolte queer : contre le nouvel ordre moral progressiste

Coup de gueule d’un désenchanté qui refuse la pureté idéologique

Si on m’avait dit qu’un jour, la victoire du progressisme sur les questions de genre et les droits des minorités LGBTQ allait me faire basculer dans le camps des conservateurs, j’aurais ris à gorge déployée. Mon socialisme-tradi chévènementiste se portait plutôt bien jusqu’au milieu des années 2000. Ca a commencé à sentir le cramé quand, à LGBTQ sont venus s’ajouter les IA+ machin-truc et que mon acronyme pépère a fini dans l’apothéose d’un LGBTQQIP2SAA pour : lesbienne, gay, bisexuel(le), trans, queer, en questionnement, intersexe, tow-spirit, asexuel(le) & allié(e). Largué, j’ai perdu mon latin en cours de route. Qu’est-ce donc que cette doctrine qui, prétendant déconstruire toutes les identités, n’a pas d’autre obssession que d’en contruire de nouvelles, toujours plus abscondes et fumeuses?

Ces théories « socio constructivistes crypto-marxistes wokes » sont partout. Dans les cours d’éducation sexuelle de l’Education Nationale. Dans les débats sur les droits des transgenres et la politique à adopter concernant les athlètes trans dans le sport. Dans des lois menaçant de sanctions quiconque laisserait entendre que le sexe est une réalité biologique. Pour de nombreux militants, un tel propos équivaut à un discours de haine. Si vous défendez aujourd’hui la position adverse – que le genre est au moins partiellement fondé sur le sexe et qu’il n’y a fondamentalement que deux sexes (le mâle et la femelle), comme les biologistes le savent depuis l’aube de leur science –, les super-progressistes hystériques vont vous accuser de nier l’identité des personnes trans, et donc de vouloir causer un dommage ontologique irréparable voire meurtrier à un autre être humain.

Il y a encore dix ans, le combat contre ces théories farfelues n’agitait en effet qu’une poignée de catholiques traditionnalistes. Une fois n’est pas coutûme, ils avaient une longueur d’avance. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent dans les milieux libéraux, universitaires mais aussi dans la communauté LGBTQ classique pour dénoncer cette science militante et frauduleuse aux effets désastreux. Chez les gays, une minorité qui ne cesse de grandir se désolidarise des revendications LBTQ et rejette en bloc le discours fanatique des activistes. Mais presque personne n’ose le dire. C’est l’omerta. Etre gay, lesbienne, queer & cie… et ne pas être socialiste est déjà une trahison suprême. Alors critiquer la GPA, la transition des ados, l’intervention des trans dans les écoles, et remettre en question les théories du genre, n’y songez même pas. Vous seriez étiqueté droitard-réac-facho: un nazi. L’ennemi absolu, totême de toutes les haines progressistes éructées au nom d’une certaine idée du bien.

C’est que le progressisme contemporain, à l’instar d’une religion dont il vaut mieux taire le nom, est généreux en anathèmes et fatwas.


Alors, je me suis tu, longtemp…Par peur, par lâcheté face au terrorisme intellectuel ; par sentiment d’impuissance devant l’incommensurable stupidité du discours militant. Jusqu’à ce que je comprenne que ces totalitarismes, ces néo-inquisitions que sont les théories socio-constructivistes (wokisme), constituent un nouvel ordre moral obscurantiste qui n’est pas seulement un péril pour l’hétérosexuel blanc, cis-genre du patriarcat colonialiste (sic!), mais aussi une menace de dissolution de mon identité queer et de toutes les identités LGBTQ acquises de longue lutte. Il y a péril en la demeure

J’aimerais ne pas avoir à choisir entre Sandrine Rousseau et Charlotte d’Ornelas ou encore, entre Sandra Laugier et Eugénie Bastié. Mais voilà, c’est l’heure de ressusciter le traité de Westphalie de 1648:

jus publicum europaeum

Et oui, qui aurait imaginé qu’un jour la philosophie chrétienne de la Personne viendrait se poser en ultime rempart de protection des identités et sauver mes fesses queers? Je ris sous cape!

Il est temps de se lever, fièrement, en tant que personne queer, et de reprendre la parole qu’on nous a confisquée au nom d’un progressisme devenu religion.
Assez de se coucher devant les nouveaux Torquemada, ces gardiens autoproclamés de la pureté idéologique, ces moralistes d’un nouvel ordre prétendument émancipateur mais profondément intolérant, sectaire et autoritaire.

Être queer, c’est refuser les carcans — tous les carcans. C’est dire non à l’assignation, même quand elle vient de ceux qui prétendent nous défendre. C’est cultiver l’urgence du désaccord, le droit de penser librement, le courage d’être singulier.

Alors oui, il est temps de se réveiller, de se révolter, de se dresser.
De retrouver cette flamme subversive qui faisait jadis la force des marges.
De faire entendre nos voix, plurielles, indomptées, irréductibles.
Car si nous cédons au terrorisme intellectuel, alors ce n’est pas seulement notre liberté qui s’éteindra — c’est l’esprit même de la constellation LGBTQ, son essence insoumise, sa beauté indisciplinée.

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